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(RSV)
Menace de « peyi lòk » et difficile séparation de postes entre CPT et PM

Sur les réseaux sociaux, là où se joue en direct la tragédie des résidents de Solino, de Nazon, fuyant leurs domiciles pour se mettre à l’abri des gangs qui crachent le feu de l’enfer, il y a d’autres complaintes, celles d’automobilistes, de capitaines d’entreprises par rapport à une énième rareté de produits pétroliers au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince et en province.

Sur les réseaux sociaux, là où se joue en direct la tragédie des résidents de Solino, de Nazon, fuyant leurs domiciles pour se mettre à l’abri des gangs qui crachent le feu de l’enfer, il y a d’autres complaintes, celles d’automobilistes, de capitaines d’entreprises par rapport à une énième rareté de produits pétroliers au niveau de la zone métropolitaine de Port-au-Prince et en province.

« Port-au-Prince coche presque toutes les cases d’un énième « peyi lòk » sur fond d’âpres négociations entre conseillers-présidents autour de la formation du cabinet ministériel d'Alix Didier Fils-Aimé. Le pays trouve toujours un moyen de nous rappeler que le pire est toujours possible », a confié un chef d’entreprise au courant de la rareté de produits pétroliers et de l’impossibilité de sortir des conteneurs de produits alimentaires du port de Port-au-Prince depuis trois jours à cause de la violence des gangs.

L’essence et la nourriture ne sortent plus

« La majorité des stations d'essences sont en rupture de stock mais il y a du produit au terminal pétrolier de Varreux. Les camions ne peuvent pas se rendre au terminal depuis lundi à cause des actions des messieurs de Viv Ansanm », a confié au journal Marc André Deriphonse, jeudi 14 novembre 2024.  « Le terminal Varreux est fermé depuis samedi dernier. Aucun camion n’a été rempli depuis lors. Les stations commencent à être à court de produits », a indiqué une source proche de l’ANADIPP. 

« Nous avons observé des lignes hier dans des stations à essence. Mais aujourd'hui ce n’est pas le cas car les stations n'ont pas de gazoline et très peu de diesel », a poursuivi cette source. « Je ne sais pas qui a fermé quoi. Mais la situation générale d'insécurité est responsable », a-t-elle indiqué.

« Il n’y a pas de problème de stock. Au 14 novembre 2024, il y a un stock de 22 jours de Diesel, de 18 jours de Kérosène et de 19 jours de gazoline. Il y a aussi deux navires programmés pour la semaine prochaine », a confié une source proche du terminal pétrolier de Varreux.

Notre source a confirmé « qu’il y a une rareté en station parce que le terminal n'a pas pu sortir de produits depuis samedi dernier à cause des accès qui sont dangereux pour les camionneurs. Les routes, Piste, Simon Pèle et la route de Batimat sont dangereuses », a-t-elle ajouté. « Nous espérons travailler demain si les conditions sont bonnes. La PNH a commencé les patrouilles aujourd'hui dans la zone », a indiqué notre source.

« J’ai du stock jusqu’à décembre », a assuré une source proche d’une compagnie pétrolière. La difficulté est au niveau des transporteurs. Les compagnies n’ont pas de flotte de camions. Ce sont les camionneurs qui prennent le risque », a dit cette source. La route de Piste, devenue la voie principale empruntée par les camions sortant du terminal pétrolier et du terminal portuaire avec des conteneurs, est contrôlée par les bandits. Avant l’interruption des derniers jours, il fallait payer pour emprunter cette voie. Même avec l'arrivée de blindés ce jeudi, la situation reste précaire. Des snipers en embuscade dans des édifices comme le Building 2004 peuvent tirer sur des camions avec ou sans la présence de blindés. L’idéal serait d’avoir des policiers qui contrôlent ce circuit. Sinon, le risque reste important pour un camion transportant des produits pétroliers, a expliqué cette source.

« La dernière livraison de produits alimentaires réfrigérés pour des supermarchés remonte à samedi après-midi », a confié une source proche de la Caribbean Port Services (CPS). Le dernier bateau remonte à lundi. Ce week-end, d’autres sont attendus », a poursuivi cette source qui prient pour une amélioration de la situation.

« La majorité des lignes maritimes n’ont pas encore repris avec les réservations sur Haïti. Des containers entreposés dans des ports de la région ne sont pas tous acheminés en Haïti. Et les lignes maritimes savent que des containers arrivés en Haïti n’ont pas été livrés ces trois derniers jours », a poursuivi cette source, particulièrement préoccupée par cette situation et par le « signal extrêmement négatif » pour le transport international (maritime ou aérien) que représente l’attaque d’avions de ligne, lundi dernier. Cela a entraîné l’arrêt des vols commerciaux internationaux pour un mois alors qu’il y a ces difficultés au niveau du terminal pétrolier et du port de Port-au-Prince. « J’espère que cela va passer. Que les gangs soient seulement en train de prendre la température du nouveau premier ministre et du nouveau gouvernement qui sera mis en place », a dit avec lassitude et impuissance notre source. « Je ne sais. Je ne comprends pas. Pourquoi ils veulent tout détruire. Ici, on vous dit que le pire est toujours possible », a poursuivi notre source.

Au moment où craintes, incertitudes s’entrechoquent, que les stocks d’essence, de vivres s’amenuisent dans les stations à essence et dans les supermarchés, les humanitaires s’arrachent les cheveux face à l'escalade de la violence et la difficulté à atteindre  les gens dans le besoin en Haïti ou 5,4 millions d’haïtiens vivent dans l’insécurité alimentaire.  « Sur le plan humanitaire, nos collègues du Bureau de la coordination des affaires humanitaires avertissent que l'escalade de la violence a aggravé une situation humanitaire déjà désastreuse. Des groupes armés, sont descendus dans les rues de la capitale, Port-au-Prince, hier, avec au moins 20 affrontements armés signalés et plusieurs barrages routiers érigés, limitant les déplacements à travers la ville - c'est ce que nous disent nos partenaires, et vous pouvez imaginer l'impact que cela a sur nos propres opérations humanitaires, sans parler de la vie des civils à Port-au-Prince », a indiqué mercredi, Stephane Dujarric, porte-parole de l’ONU lors d’un point de presse. « L'acheminement de 20 camions de denrées alimentaires et de fournitures médicales essentielles vers le Sud a également été reporté. Le port maritime reste ouvert depuis la mer, mais l'accès routier au port est actuellement impossible »,a-t-il dit.

Ce jeudi, 72 heures après l’installation d’un nouveau premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, au moment où les gangs asphyxient la population, il y a d’âpres négociations entre conseillers-présidents autour de la formation du cabinet ministériel, a appris Le Nouvelliste. Entre-temps, des entités de la communauté internationale envoient des signaux aux CPT et au nouveau Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé. « La légitimité des autorités de transition haïtiennes sera déterminée par les mesures qu’elles prennent pour rétablir la sécurité, organiser des élections crédibles, combattre la corruption et assurer la reddition de comptes. Le Canada est solidaire du peuple haïtien », a tweeté l’ambassadeur du Canada, André François Giroux, en citation d’un tweet, mercredi 13 novembre 2024. « Le Canada reconnaît la nomination d’un nouveau premier ministre en Haïti. Les autorités de transition haïtiennes doivent prendre des mesures pour rétablir la sécurité, organiser des élections crédibles, combattre la corruption et assurer la reddition de comptes. Le Canada est solidaire du peuple haïtien”, peut-on lire dans ce tweet.

« Le secrétaire général prend note des développements politiques survenus hier en Haïti. Il réitère son appel à toutes les parties prenantes haïtiennes pour qu'elles travaillent ensemble de manière constructive à l'accélération de la transition politique et au rétablissement des institutions démocratiques dans le pays », a indiqué le porte-parole de l’ONU, Stephane Dujarric lors d’un point de presse, mercredi 13 novembre 2024. « Il convient impérativement de promouvoir la responsabilisation au sein du CPT de façon à maintenir la crédibilité auprès du peuple haïtien et de la communauté internationale », lit-on dans ce communiqué du porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, mardi 12 novembre 2024. « Les besoins criants et immédiats de la population haïtienne exigent que le gouvernement de transition donne la priorité à la gouvernance plutôt qu’aux intérêts personnels divergents des acteurs politiques », avait-il souligné.


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