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Avant-projet de Constitution : Jocelerme Privert dénonce une « monstruosité » et craint un retour à la dictature
L’ancien président de la période transitoire 2016-2017, Jocelerme Privert, a critiqué l’avant-projet de Constitution soumis à l’exécutif. Invité à l’édition du lundi 28 juillet 2025 de Panel Magik, M. Privert a prévenu que cette « monstruosité », s’il venait à être imposé au pays, serait source d'instabilité politique et pourrait favoriser un retour à la dictature.
Jocelerme Privert, ancien président de l’Assemblée nationale et ancien président de la République, s’est montré très critique face à la démarche engagée pour doter le pays d’une nouvelle Constitution. Selon lui, cette démarche ne cadre pas avec les prescrits constitutionnels en matière d’amendement ou de changement de la Constitution. « Je ne peux me rendre complice d'une telle démarche, d'autant plus qu'elle est conduite par un gouvernement dépourvu de toute légitimité constitutionnelle », a réagi l'ancien président provisoire, exprimant ainsi une « position de principe » sur le processus de changement constitutionnel engagé par le Conseil présidentiel de transition (CPT).
En effet, M. Privert a rappelé s’être déjà opposé à une initiative similaire sous l'ancien président Jovenel Moïse, bien que ce dernier disposait, a-t-il dit, d'une légitimité constitutionnelle. Il a souligné que la Constitution de 1987 prévoit les modalités de son amendement ou de son remplacement, et que celles-ci n'ont jamais été respectées jusqu’ici.
Après 38 ans, la Constitution de 1987 a battu le record de longévité de toutes les Constitutions haïtiennes. En ce sens, M. Privert a jugé qu’il est à la fois « logique », « légitime » et « opportun » d’envisager un amendement de la loi-mère. Cependant, l’ancien président provisoire a qualifié de « monstruosité » l'avant-projet de Constitution élaboré par le Comité de pilotage.
« Cette monstruosité, concoctée par ce Comité de pilotage, ne répond en rien à ce qui était nécessaire pour permettre une application harmonieuse de la Constitution », a déclaré M. Privert, se réjouissant de la position du coordonnateur actuel du Conseil présidentiel de transition (CPT), Fritz Alphonse Jean, qui a précisé que ce document n'engage pas le CPT.
Plus loin, l’ancien sénateur des Nippes a estimé qu'imposer cett nouvelle Constitution au peuple serait une source d'instabilité politique et pourrait ouvrir la voie à un retour à la dictature. « Au lieu de résoudre les problèmes posés par la Constitution de 1987, ce projet, s'il est imposé à la population, sera source d'instabilité politique, voire d’un retour au vieux démon de la dictature dans le pays », a averti Jocelerme Privert.
Le Comité de pilotage de la Conférence nationale, structure chargée de la rédaction de la nouvelle Constitution et de la prise en compte des diverses réactions sur le texte, est présidé par Enex Jean-Charles, ancien Premier ministre sous la présidence de M. Privert. Questionné pour savoir s’il a exprimé ses réserves, même en privé, à M. Jean-Charles, Jocelerme Privert a souligné qu’il avait rencontré ce dernier ainsi que le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, à la suite de la remise de l’avant-projet de Constitution à l’exécutif.
« Je leur ai fait part de mes points de vue par rapport au texte, et le Premier ministre Enex Jean-Charles m’a assuré qu’il s’agissait d’un document soumis pour discussion et que mes réserves seraient prises en compte dans le document final. Mais il se trouve que c’était déjà la version finale, à un point tel qu’ils en font la promotion », a expliqué M. Privert.
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