Financement de la MMAS : « c'est absolument incompréhensible quand on me dit qu'il n'y a pas d'argent », dit Antonio Guterres
Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, n’est pas contre les efforts pour envoyer en Haïti une force de maintien mais n’a pas mâché sa critique, son incompréhension face à l’absence de tout l’argent nécessaire pour financer la MMAS, mercredi 18 septembre 2024.
Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, n’est pas contre les efforts pour envoyer en Haïti une force de maintien mais n’a pas mâché sa critique, son incompréhension face à l’absence de tout l’argent nécessaire pour financer la MMAS, mercredi 18 septembre 2024.
« Ce qui est souhaitable, c'est que des pays assument la responsabilité de financer proprement l'opération qui est en cours. Je dois dire que pour moi, c'est absolument incompréhensible quand on me dit qu'il n'y a pas d'argent », a dit Antonio Guterres, soulignant qu’en Haïti il y a « une tragédie humaine qui se prolonge, avec une histoire qui est bien connue et où il y a beaucoup de responsabilités, pendant des dizaines, même plus d’un siècle ou deux siècles de vie ».
Encore plus incisif, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres a indiqué que « s'il y a une banque très proche d'ici qui est en risque de faillite, il y aura probablement une mobilisation de milliards et milliards pour sauver la banque ». « Quand on décrit les guerres et les armes dont on a parlé pendant cette conférence de presse, il y a des milliards et des milliards toujours disponibles pour ce qu'il faut. Et pour une petite opération en Haïti, où il nous faut quelques centaines de millions de dollars pour garantir la présence de cette opération, il n’y a pas d'argent. Ça, je n'accepte pas. Et après on dit, comme il n’y a pas d'argent, mettons une opération de maintien de la paix, parce que là, il y a des contributions obligatoires », a soutenu Guterres.
Une "question morale"
« Je dois vous dire, pour moi, il y a une question morale. Si le Conseil de sécurité et le gouvernement haïtien sont d'accord que parce qu'il n'y a pas aucune autre solution, nous sommes prêts à travailler d'accord avec les instructions du Conseil de sécurité. Mais je dois dire, a affirmé Guterres, que c'est un peu difficile de comprendre qu'on puisse discuter d'une opération de maintien de la paix là où il n'y a pas de paix à maintenir, seulement parce que, apparemment, ce n’est pas possible de trouver l'argent nécessaire pour une des situations humanitaires les plus désastreuses dans le monde. » « Comme je vous ai dit, nous sommes prêts à faire tout ce que le Conseil de sécurité, avec l'accord du gouvernement haïtien, puisse nous demander. Ça ne veut pas dire que nous n'ayons pas une opinion sur ce qui se passe en Haïti », a-t-il insisté lors de cet exercice de réponses à cœur ouvert.
La MMAS aura un an en octobre 2024. L’effectif n’a pas encore atteint les cinq sur les deux milles prévus. Les USA, le Canada sont parmi les rares pays à tenir leurs engagements. Les USA ont indiqué avoir engagé plus de 300 millions de dollars dans le cadre de cette mission. Seuls six pays ont pour l'instant versé 68 millions de dollars en cash pour soutenir la mission multinationale de soutien qui est menée par le Kenya.