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(RSV)
La cour d’appel de Hinche a entendu l’affaire de l’assassinat du journaliste Néhémie Joseph

La cour d’appel de Hinche a entendu, mercredi 27 novembre 2024, le dossier de l'assassinat du journaliste Néhémie Joseph à Mirebalais, dans la nuit du jeudi 10 octobre 2019. L’audience, qui a duré plusieurs heures, n’a pas permis de statuer sur l’appel effectué par les inculpés dans ce dossier. Le commissaire du gouvernement près la cour d’appel, Me Friznel Hector, ainsi que l’avocat du journaliste assassiné, Me Robinson Mazarin, ont quitté la salle bien avant la fin de l’audience.


Cinq ans après, le dossier de l’assassinat du journaliste Néhémie Joseph n'a pas trop progressé en dépit de l’ordonnance rendue par le juge instructeur Edwige Dorsainvil au début de l’année 2024.

Les avocats de la partie défenderesse avaient interjeté appel contre cette ordonnance du magistrat instructeur Dorsainvil, dans laquelle des charges et indices suffisants ont été retenus contre l’ex-sénateur Rony Célestin, l’ancien maire de la commune Lochard Laguerre et les nommés Juste Chandou Clerjeune, Elionel Casséus, Angelina Fabiola Cameau, Douyon Rosevald, Lenel ainsi connu et Hugens Charles justifiant leur implication respectivement comme auteur, auteur intellectuel et complices dans les faits de l'assassinat du journaliste Néhémie Joseph.

Les inculpés, qui étaient présents à l’audience, n'ont pas tous été entendus pour présenter leur version des faits. L’ancien sénateur du Centre Rony Célestin a nié en bloc les accusations portées contre lui, même celles de son collègue au Sénat, Willot Joseph. 

Tout comme l’ex-parlementaire, l’agent exécutif intérimaire de Mirebalais, Lochard Laguerre, a nié toute implication dans l'assassinat du journaliste Joseph. Il a avancé qu'il n'était pas au courant que la victime faisait l'objet de menaces de mort ni de la planification de sa mort dans les locaux de la mairie de Mirebalais. M. Laguerre a affirmé qu'il était chez lui, en train d'essayer un système de son le jour de l'assassinat, disant n'avoir eu aucun problème avec les commentaires du journaliste tout au cours de son émission politique très critique envers les autorités en place.

Maire de Mirebalais à l'époque de l’assassinat, Lochard Laguerre a dit avoir développé de bons rapports avec la femme de Néhémie Joseph après la mort de son époux jusqu'à nos jours, mais qu'il n'a pas porté son assistance directe puisque la famille n'a pas fait la demande de support directe à l'édile de Mirebalais. En ce qui concerne le chef de sécurité de la mairie, Juste Chandou Clerjeune, pour son implication présumée dans l'assassinat, actuellement en prison, l’agent exécutif intérimaire a pris ses distances avec ce dernier, arguant qu'il n'entretient aucun rapport avec les agents de sécurité de la mairie.

L’autre fait marquant de cette audience, c’était la présence de l’inculpé Ilyonel Casséus, qui ne s'est jamais présenté devant le juge instructeur en dépit d’un mandat d’amener lancé à son encontre. Il s’est rendu tranquillement à l’audience de la cour d’appel de Hinche. 

Cette audience, qui a laissé un goût amer dans la bouche des avocats du défunt journaliste Néhémie Joseph, a été une farce, selon eux. Les avocats de la partie civile avaient récusé la cour. Pourtant, l'audience a été tenue. « Est-ce qu'il y a des intérêts en jeu? On ne sait pas. Nous étions clairs en signalant des suspicions légales et légitimes pour que la cour ne tranche pas ce dossier », a lâché Me Robinson Mazarin, avocat du journaliste Néhémie Joseph.

« Durant l'audience, nous avons remarqué la maladresse de la cour qui ne savait pas par où commencer. Les inculpés, durant l'audition, n'ont pas été qualifiés de leur nom. Tous les inculpés n'ont pas été entendus. L'audition a été très complaisante car les questions ont été légères comme si les juges n'avaient pas étudié le dossier », a commenté l’avocat. 

Position du commissaire du governement près la cour d’appel de Hinche

Le commissaire du gouvernement près la cour d’appel de Hinche, Me Friztnel Hector, dans son réquisitoire, a demandé à la cour de maintenir l’ordonnance du juge instructeur Dorsainvil mais a recommandé que les personnes accusées, à savoir Gary Pierre Paul Charles entre autres, soient entendus dans le cadre de cette affaire.

Le commissaire du gouvernement, Me Hector, a mis l’accent sur le fait que le maire Lochard Laguerre avait tout bonnement refusé de collaborer avec le juge instructeur alors que l'une des réunions planifiant l'assassinat du journaliste Joseph a eu lieu dans les enceintes de la municipalité de Mirebalais.

« Le journaliste a été assassiné par des agents de la mairie, dont le chef de sécurité de la municipalité, écroué actuellement », a avancé le commissaire Hector, qui a demandé d'infirmer l'ordonnance en attendant l'audition du journaliste Gary Pierre Paul Charles, de Hugens Charles et de Lenel ainsi connu.

« Ce n’est qu’après les menaces du journaliste Gary Pierre Paul que le journaliste Néhémie Joseph a été assassiné », a évoqué le commissaire. Pour lui, un dossier aussi important et délicat ne devrait pas souffrir de toutes ces irrégularités qui lui apportent aussitôt tout un déficit de crédibilité et de régularité, au point qu'aucune décision à sortir ne pourra vraiment avoir force de droit.

La cour d’appel de Hinche était composée de la magistrate Marie Mercie Destorel Jean-Baptiste, présidente, Sorel Dumornay, juge, et Berge O. Surpris, juge.

Le ministère public près la cour d'appel de Hinche a été représenté par Mes Fritznel Hector, Pélinos Mompremier, Walner Joseph, David Joseph et Prudent Ortella, respectivement commissaire du gouvernement et substituts. Ces derniers se sont empressés de produire des réserves sur l'audience du mercredi 27 novembre 2024 portant sur l'assassinat du journaliste Néhémie Joseph à Mirebalais, dans la nuit du jeudi 10 octobre 2019.

Il faut souligner que dans l’ordonnance du juge instructeur Dorsainvil, le journaliste Gary Pierre Paul Charles, qui avait eu une violente discussion avec le défunt journaliste deux jours avant sa mort, on peut lire ce qui suit: "Aucune pièce de la procédure n'a la vertu d'établir un lien entre lui et les auteurs et complices de l'assassinat".   « Si les propos prêtés au nommé Garry Pierre Paul Charles peuvent être considérés comme des menaces, ils ne pourraient constituer un indicateur servant à poursuivre celui-ci tant que le lien de causalité n'est pas établi. Pour cela, des charges et indices nécessaires n'ont pas milité à son encontre », conclut l’ordonnance.

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