En Haïti, la baisse des IDE est particulièrement alarmante. Le pays n’a attiré que 32 millions de dollars d’investissements étrangers en 2023, un montant négligeable comparé aux 4,5 milliards de dollars de transferts de fonds de la diaspora haïtienne. Si ces transferts offrent un soulagement à court terme aux ménages, ils ne peuvent se substituer aux avantages à long terme de flux d’investissement stables. Malheureusement, la crise sécuritaire chronique qui frappe Haïti – marquée par le contrôle des routes commerciales par les gangs, l’extorsion généralisée et les risques opérationnels pour les entreprises – a rendu le pays peu attractif pour les investisseurs étrangers. La fermeture d’institutions clés comme l’hôpital universitaire de Mirebalais et d’opérations internationales comme l’hôtel Marriott et le service de croisières de Royal Caribbean souligne la détérioration de la situation. Avec sa capitale, Port-au-Prince, de plus en plus isolée du reste du monde en raison des perturbations des vols commerciaux et des ports, l’économie haïtienne est progressivement coupée des réseaux mondiaux de commerce et d’investissement.
La situation du parc industriel de Caracol, dans le nord d’Haïti, illustre encore davantage cet effondrement. Autrefois envisagé comme un pôle industriel créateur d’emplois, le parc a vu ses entreprises fuir en raison de l’insécurité et du manque de soutien gouvernemental. L’emploi a chuté de 17 000 à seulement 700 travailleurs. Sans réformes structurelles immédiates et stabilisation sécuritaire, Haïti risque non seulement une perte permanente d’IDE, mais aussi l’effondrement de ses quelques piliers économiques formels restants. Pour que les investisseurs étrangers reviennent, Haïti doit de toute urgence donner la priorité à la sécurité publique, à la stabilité institutionnelle et aux incitations à l’investissement. D’ici là, le pays reste à la périphérie des flux de capitaux mondiaux, exclu par sa propre instabilité.